GESTION PATRIMONIALE - 26.01.2018

Les apparences sont parfois trompeuses...

Si vous confiez votre portefeuille à une banque, celle-ci doit définir votre profil d’investisseur. Le gestionnaire pourra ainsi composer votre portefeuille selon vos connaissances, votre expérience et vos souhaits. Mais comme il n’est aujourd’hui pas évident d’obtenir un rendement correct avec un profil défensif ou neutre, les gestionnaires prennent parfois plus de risques que vous ne l’auriez pensé...

Profil. Le marché du Private Banking est encore en plein développement en Belgique. Le concept ne recouvre toutefois pas toujours la même réalité et il n’est pas non plus toujours évident de déterminer clairement les différences entre Personal Banking, Private Banking et gestion pour «High Net Worth Individuals». Toutes ces approches ont toutefois un point commun : chaque client doit répondre à un questionnaire étoffé qui sonde ses connaissances, son expérience et son goût du risque. Votre profil de risque sera défini sur la base de vos réponses et votre gestionnaire sera obligé de le respecter.

Taux d’intérêt. Les taux sont bas et rien ne permet d’espérer un changement à court terme. La politique un peu moins souple de la BCE peut certes induire une certaine pression à la hausse, mais pas de quoi pousser des cris de joie. La courbe des taux ne se normalisera que très progressivement. Les obligations d’entreprises de bonne qualité ne procurent plus non plus qu’un maigre rendement. Un émetteur populaire comme Volkswagen se finance p.ex. sans problème sur huit ans à un taux d’à peine 1,5 %. En dollar US, la situation est un peu moins dramatique, mais il n’y a pas non plus de quoi ravir l’investisseur.

Partie à rendement fixe. De ce fait, même les investisseurs et gestionnaires de patrimoine professionnels éprouvent des difficultés à remplir la partie à rendement fixe d’un portefeuille. Ils auront alors tendance à remplacer en partie les obligations classiques en euros par des obligations à haut rendement ou des fonds obligataires. Ces obligations ou fonds obligataires génèrent certes un rendement plus élevé mais sont aussi bien plus risqués. Par le passé, plus d’un débiteur de ce segment s’est retrouvé en fâcheuse posture et dans l’impossibilité d’honorer toutes ses obligations. En outre, la corrélation (en termes d’évolution du cours) entre obligations à haut rendement et actions est assez grande. Si les marchés d’actions subissent une correction, le risque de voir ces obligations à haut rendement connaître des pertes de cours temporaires est donc bien réel.

Devises des marchés émergents. Une deuxième «issue» pour les gestionnaires de portefeuilles est d’acheter une quantité proportionnellement plus élevée d’obligations en devises étrangères. Dans des devises comme la livre turque, le rand sud-africain ou le real brésilien, des rendements de plus de 6 % sont courants. Ils sont en outre générés par des débiteurs de haute qualité. En livres turques p.ex., vous pouvez obtenir un rendement de 12 % brut sur des obligations émises par la BEI. Le problème, c’est que ces devises effectuent parfois des sauts de cabri. Tant la livre turque que le rand sud-africain cotent ainsi aujourd’hui à leur niveau le plus bas (par rapport à l’euro) depuis des années. Certains investisseurs en livres turques ont ainsi subi des pertes de change de 30 % et plus.

Actions. Pour chaque profil d’investisseur, des marges sont fixées. Pour un profil défensif p.ex., le compartiment actions pourra ainsi fluctuer entre 10 % et 25 %. Pour un profil neutre, il oscillera entre 40 % et 60 %, et pour un profil agressif, entre 70 % et 100 %. Vu les taux bas actuels et les dividendes bien plus élevés de nombreuses entreprises, de nombreux gestionnaires appliquent actuellement le pourcentage d’actions maximal autorisé par contrat. Inutile de dire qu’ainsi, le risque augmente, a fortiori si au sein du compartiment obligataire de votre portefeuille, on observe aussi un glissement vers les obligations à haut rendement et les devises de marchés émergents.

Points à ne pas perdre de vue. Suite à ces glissements au sein de la partie obligataire et à l’augmentation du pourcentage d’actions, nombre d’investisseurs se retrouvent en fait aujourd’hui dans un profil de risque plus élevé qu’ils ne le souhaitent vraiment. Comment pouvez-vous vérifier si votre profil n’est pas trop déformé ? Vérifiez d’abord si le pourcentage d’actions de votre portefeuille n’a pas été amené récemment plus près de la limite contractuelle autorisée. Vérifiez aussi comment les obligations en euros arrivées à échéance ont été réinvesties. Si elles l’ont été systématiquement en devises étrangères, en obligations de très longue durée en euros ou en obligations à haut rendement, demandez des explications. Vu la différence de rendement minime actuelle entre une obligation de qualité en euros et un compte à vue, vous pouvez aussi vous demander si l’achat de nouvelles obligations en euros a un sens. Les liquidités ne sont en effet en général pas soumises aux honoraires de gestion, ni à la nouvelle taxe de 0,15 % sur les comptes-titres. Contrairement aux obligations...

Il n’est aujourd’hui pas toujours approprié d’investir un portefeuille à 100 %. Vu la faiblesse des taux, certains gestionnaires remplacent les obligations de qualité en euros qui arrivent à échéance par des obligations à haut rendement ou libellées dans des devises de marchés émergents. Ils portent en outre souvent le pourcentage d’actions à la limite maximale autorisée pour votre profil. Du fait de cette combinaison, le risque que votre portefeuille ne corresponde plus à vos souhaits est bien réel. Portez donc un regard critique sur la manière dont votre gestionnaire réinvestit les obligations en euros. Envisagez aussi de conserver un peu plus de liquidités, car la différence de rendement est actuellement minime. Vous échapperez en outre à la nouvelle taxe de 0,15 % sur les comptes-titres.

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