Actions : acheter du belge ?
Évolution. Bien que les cours boursiers aient fortement augmenté et que de nombreux investisseurs conservent par précaution d’importantes liquidités, divers investisseurs de premier plan ont indiqué récemment que vous risquez ainsi de passer à côté d’une hausse boursière substantielle. L’indice américain S&P 500, le baromètre par excellence des marchés financiers, cote ainsi actuellement à 17 fois le bénéfice estimé, soit un niveau supérieur à la moyenne des cinq dernières années mais inférieur à la valorisation moyenne à long terme. Traditionnellement, les bourses européennes cotent à un niveau un peu plus élevé. C’est aussi le cas aujourd’hui et cela vaut également pour la bourse de Bruxelles.
Belgique. D’une manière générale, les entreprises belges ont connu une excellente année 2018. Cela peut sembler quelque peu étonnant, dans la mesure où 2018 a été marquée par un ralentissement assez spectaculaire de la croissance mondiale. C’est d’autant plus remarquable que l’économie belge est une économie très ouverte, qui importe de nombreux produits semi-finis, qui sont ensuite transformés en produits finis qui sont à leur tour exportés. Des études indiquent que six entreprises belges cotées en bourse sur dix sont parvenues en 2018 à réaliser un bénéfice net supérieur à celui de 2017. La progression est encore plus spectaculaire en termes de chiffre d’affaires, puisque quelque 70 % des entreprises belges cotées ont vu leur chiffre d’affaires augmenter.
Dividende. Le fait que de nombreuses actions paient un dividende (nettement) plus élevé que les faibles taux d’intérêt actuels peut constituer une raison supplémentaire d’investir en actions (belges). En Belgique, les investisseurs en actions sont toutefois fortement imposés. Outre la taxe boursière (0,35 % à l’achat et à la vente), vous payez aussi 30 % de précompte mobilier (Pr M) sur le dividende perçu. Si vous achetez des actions étrangères, vous êtes même imposé deux fois. Vous payez en effet dans la plupart des pays un prélèvement à la source et ensuite encore le Pr M belge de 30 % sur le montant net. Il ne vous reste donc en général que la moitié – voire moins – du dividende étranger. Ce prélèvement à la source peut être réduit, en général à 15 %, sur la base de la convention préventive de la double imposition. Vérifiez si votre banque propose cette possibilité. Pour certains pays, ce service est parfois gratuit. Pour récupérer par la suite une partie du prélèvement payé à la source, votre banque vous imputera souvent des frais et le jeu n’en vaudra donc en général pas la chandelle. Si vous optez pour des actions individuelles belges, la pilule fiscale sera donc un peu moins amère.
Actions de dividende. Certaines entreprises affichent à première vue des rendements de dividende «royaux». Le plus souvent, il s’agit d’une entreprise qui se trouve dans une situation exceptionnelle et dont on sait parfois que son dividende est appelé à diminuer sensiblement à l’avenir. L’un des exemples les plus frappants à la Bourse de Bruxelles est bpost. L’an dernier, tout le bénéfice net y est passé. Pour cette année, il est d’ores et déjà acquis que le joli dividende de 2018 ne sera pas maintenu.
Progressivité. Un investissement en actions est en principe un investissement à long terme. À cet égard, il est utile d’intégrer dans votre portefeuille des actions d’entreprises qui augmentent légèrement leur dividende année après année. Il s’agit souvent de holdings ou d’entreprises actives dans les biens de consommation. Les entreprises qui produisent des biens de consommation parviennent généralement à augmenter chaque année leur chiffre d’affaires et leurs marges bénéficiaires, ce qui se reflète également dans leur politique de dividende. En revanche, les entreprises cycliques éprouveront souvent plus de difficultés à suivre cette voie. Ces entreprises surfent en effet sur les vagues de l’économie, où les périodes de haute conjoncture succèdent aux périodes de basse conjoncture. Lorsque la conjoncture est au beau fixe, le dividende sera généreux, mais il sera réduit, voire supprimé, lorsque le contexte économique est à l’orage.
Entreprises familiales. La bourse de Bruxelles recèle quelques petites et moyennes entreprises très fringantes. Ces entreprises sont généralement bien gérées. En règle générale, les entreprises familiales sont cependant beaucoup plus avares lorsqu’il s’agit de payer des dividendes. Un réflexe naturel et sain. Comme une partie importante du capital est encore aux mains de la famille, celle-ci tient les cordons de la bourse bien serrés. Récemment, nous avons cependant vu certaines de ces petites entreprises donner suite aux aspirations d’un groupe d’investisseurs. Dans certains cas, elles ont décidé de relever le dividende, parfois même de manière spectaculaire. Citons ainsi Resilux (fabricant de bouteilles en PET) et Lotus Bakeries (biscuits).