PLACEMENTS - 23.09.2021

Secteur pétrolier : la fin d’une époque ?

Celui qui aurait osé affirmer, il y a quelques années, que les investisseurs recevraient un jour de l’argent pour acheter un baril de pétrole aurait sans doute été déclaré sur-le-champ bon pour l’asile. Il y a quelques mois, cela a toutefois été une réalité improbable. Dans l’intervalle, le prix du pétrole a de nouveau grimpé pour s’établir à près de 70 $ le baril. Pour l’heure, d’autres défis attendent toutefois encore le secteur au tournant…

Évolution du cours. Au printemps 2020, la crise du coronavirus a frappé de plein fouet l’économie mondiale. D’aucuns prédisaient la fin des temps. Les espaces de stockage de pétrole débordaient, car la demande s’était effondrée et que dans le même temps, la production ne pouvait pas être arrêtée en un claquement de doigt. Aujourd’hui, un an et demi plus tard, la situation est tout à fait différente. Selon le FMI, l’économie mondiale connaîtra sa croissance la plus forte depuis 1976. Le marché (pétrolier) anticipe cette croissance. Le prix du baril de pétrole brut a dans l’intervalle déjà fortement augmenté. L’évolution du prix du pétrole n’a du reste jamais été un modèle de stabilité. Lorsque Ronald Reagan est devenu président des États-Unis en 1981, un baril coûtait 40 $. Quelques années plus tard, son prix était retombé à 10 $, parce que l’offre avait été systématiquement élargie. Et en 2008, un prix record absolu de 127 $ a été enregistré, à la suite du boom de l’économie chinoise.

Nouveaux défis… Avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, un vent nouveau souffle sur le paysage énergétique aux États-Unis. Avant cela, l’UE avait déjà aussi misé pleinement sur les énergies renouvelables et l’énergie verte. La Chine n’est pas en reste et entend également réduire fortement ses émissions de CO2 . Les géants pétroliers doivent donc se réinventer, s’ils veulent assurer leur avenir à long terme. Shell investira ainsi annuellement entre deux et trois milliards d’euros dans les énergies renouvelables. D’ici dix ans, la «major pétrolière» entend devenir la plus grande entreprise d’électricité du monde. Total, le concurrent de toujours, a été rebaptisé il y a quelques mois TotalEnergies, un changement de nom qui va de pair avec une nouvelle stratégie visant à produire moins de combustibles fossiles et à miser davantage sur l’énergie verte. Il y a quelque temps, BP et Total ont acheté la plus grande partie des droits d’exploitation des parcs éoliens offshore au large de l’Angleterre. Leur offre de plus d’un milliard de dollars par an était supérieure de 80 % aux offres des entreprises traditionnelles du secteur des énergies renouvelables. Ces dernières ne sont toutefois en aucun cas mises sur la touche. La compagnie espagnole Iberdrola a ainsi indiqué qu’elle allait investir 90 milliards dans les énergies renouvelables au cours des quatre prochaines années. Le secteur pétrolier a par ailleurs de nombreux défis à relever. Il y a tout d’abord les tensions persistantes au sein du cartel de l’OPEP, qui peuvent entraîner de fortes baisses du cours du pétrole. Il suffit qu’il y ait une impasse politique pour qu’un pays comme l’Iran décide d’augmenter sa production. En Irak aussi, la situation est tout sauf stable. La Russie reste par ailleurs aussi un facteur d’incertitude. Le président Poutine n’hésitera pas à utiliser le pétrole et le gaz comme armes pour consolider ses objectifs géopolitiques. Par ailleurs, il y a aussi le développement du gaz de schiste. Une fois que le prix du pétrole aura dépassé un seuil relativement bas, la commercialisation de ce gaz de schiste deviendra rentable, ce qui exercera une nouvelle pression sur les prix.

Réaction. L’année écoulée a été catastrophique pour la plupart des géants pétroliers. Shell a réagi en se séparant d’un dixième de son personnel. ExxonMobil a eu une réaction similaire. Çà et là, on entend dire que certains géants pétroliers pourraient fusionner pour accroître leur efficacité. Il est aussi important pour les entreprises pétrolières de conserver la confiance de leurs actionnaires. D’une part, les géants pétroliers n’ont pas d’autre choix que de surfer sur la vague verte, maintenant que l’opinion publique commence aussi lentement mais sûrement à être convaincue qu’il est urgent d’agir sur le front climatique. D’autre part, ils doivent aussi veiller à continuer à contenter leurs actionnaires sur le plan financier. Royal Dutch Shell a réduit sensiblement son dividende, mais l’impact n’a pas été trop grave. De son côté, ExxonMobil s’est endetté pour pouvoir payer un dividende correct à ses actionnaires.

Placements. En tant qu’investisseur, mieux vaut vous limiter aux grandes entreprises établies du secteur telles que Royal Dutch Shell, Total ou ExxonMobil, qui ont clairement indiqué vouloir miser sur la transition vers une exploitation énergétique plus verte. Les grandes entreprises pétrolières ont d’importants moyens financiers et sont disposées à effectuer les investissements nécessaires pour faire de cette transition un succès. À court terme, le pétrole est cependant encore et toujours le «lubrifiant» de l’économie. En dépit de toutes les bonnes intentions, nous ne pouvons pas tous rouler à l’électricité, ne serait-ce déjà que parce qu’il n’y aurait pas suffisamment d’électricité disponible. À plus long terme, les entreprises pétrolières devront se tourner vers l’énergie verte et se contenter d’une rentabilité plus faible. Investir dans les énergies renouvelables génère généralement un rendement de 8 % à 10 %, alors que pour un projet pétrolier, c’est au moins la moitié en plus.

Nous ne sommes pas négatifs vis-à-vis du secteur pétrolier. Malgré la récente hausse des cours, la plupart des entreprises pétrolières sont bon marché. La fin de la crise du coronavirus étant en vue, le prix du pétrole a sensiblement augmenté. En outre, un monde sans pétrole n’est pas pour demain. À terme, les entreprises pétrolières devront toutefois opérer une transition vers une énergie plus verte, ce qui pèsera inévitablement sur leur rendement. Cette transition nécessitera aussi d’importants investissements. Nous nous limiterions donc à n’investir que dans les grandes entreprises pétrolières stables qui disposent de liquidités suffisantes (Royal Dutch Shell, Total et ExxonMobil).

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