PLACEMENTS - 25.11.2019

L’Europe va-t-elle rattraper son retard ?

Alors que les bourses américaines prestent bien depuis déjà des années, les bourses européennes sont restées à la traîne. Selon votre banquier, l’Europe devrait toutefois amorcer un mouvement de rattrapage. Mieux vaudrait donc réduire vos placements en actions US au profit d’actions européennes. Est-ce vraiment une bonne idée ?

Activité économique. Au troisième trimestre, l’activité économique dans la zone euro s’est à nouveau tassée. Ce n’est pas vraiment étonnant vu qu’à l’échelle mondiale aussi, l’économie est fortement malmenée ces derniers mois. Cela est notamment dû à la persistance des conflits commerciaux. Tant que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine n’aura pas été réglée définitivement, la situation restera précaire. Les péripéties liées au Brexit pèsent aussi sur l’économie européenne. La conséquence de tout ceci est que la croissance du produit intérieur brut (PIB) au sein de la zone euro est en recul depuis plusieurs années. En 2017, elle s’élevait encore à 2,6 %. L’an dernier, elle est tombée juste sous la barre des 2 % et pour 2019 et 2020, elle est estimée à 0,8 % et 0,6 %. Ce sont surtout les exportations qui boivent la tasse, mettant ainsi l’industrie en difficulté. À mesure que cette situation se prolonge, un ralentissement de la demande intérieure se profile aussi à l’horizon, ce qui n’est guère réjouissant.

Allemagne. L’économie allemande a été pendant des années le moteur de l’économie européenne. Après les chiffres décevants du trimestre précédent, on est en droit de se demander si une récession peut encore être évitée outre-Rhin. L’Allemagne possède en effet une série d’entreprises fortement orientées vers le commerce international, à commencer par celles actives dans l’industrie automobile. Or, à l’exception de Porsche, tous les constructeurs automobiles ont enregistré de très mauvais résultats. Des entreprises telles que Siemens, qui fabriquent et exportent de nombreux biens d’investissement, ont aussi essuyé des revers cinglants. Pas étonnant dès lors que l’indicateur IFO, qui mesure la confiance des entrepreneurs, se situe aujourd’hui quasi à son niveau le plus bas de ces dix dernières années. Il faut en effet remonter à la période 2012-2013 pour retrouver des chiffres aussi dramatiques.

Excédent budgétaire. Ces dernières années, l’Allemagne a mené une politique budgétaire très orthodoxe et les pouvoirs publics se retrouvent donc à présent avec un excédent budgétaire. Le gouvernement allemand pourrait utiliser celui-ci pour prendre une série de mesures en faveur des consommateurs, comme une baisse des impôts, afin de stimuler la consommation. Les infrastructures allemandes auraient en outre bien besoin d’un coup de neuf. Des travaux de rénovation s’imposent ainsi d’urgence dans les bâtiments publics, les écoles, etc. Un certain nombre de routes devraient aussi être rénovées. La question est toutefois de savoir si le gouvernement allemand y est disposé...

BCE. Comme la BCE ne parvient toujours pas à atteindre son objectif d’une inflation de 2 %, Mario Draghi a décidé, en guise de cadeau d’adieu, d’abaisser encore une fois le taux directeur de dix points de base. On est toutefois en droit de se demander si cette politique entraînera un jour une hausse de l’inflation. Il semblerait en effet que la faiblesse des taux d’intérêt ne fasse qu’inciter les consommateurs à toujours plus épargner. La politique de taux négatifs a en outre entraîné une augmentation spectaculaire des prix de l’immobilier. De moins en moins d’assureurs parviennent en outre à continuer à garantir les taux d’intérêts contractuellement garantis. Pour de nombreux observateurs, cette situation porterait en elle le germe d’une prochaine grave crise financière.

Actions. Il semble que l’Europe approche de la phase finale du cycle économique en cours. Cela se traduit par un fléchissement de la croissance bénéficiaire. Le rapport cours-bénéfice estimé sur les marchés d’actions européens s’élève ainsi actuellement à ± 16. À première vue, c’est en effet moins cher que la valorisation des marchés d’actions US où il faut débourser 20 fois le bénéfice estimé. Mais d’un autre côté, la situation économique US est encore plus réjouissante...

États-Unis. Les États-Unis ne sont cependant pas immunisés contre ce qui se joue sur la scène mondiale. Certains indicateurs publiés récemment indiquent que la tendance commence aussi à s’inverser au Pays de l’Oncle Sam. Il y a d’abord eu les chiffres décevants de l’industrie. Ensuite, la création d’emplois a été moins élevée que prévu en septembre, alors que les chiffres du mois d’août ont dû être revus à la baisse. Enfin, il semble que le secteur des services ait également été contaminé par l’industrie. Le chômage est encore extrêmement bas, mais la hausse des salaires est moins rapide qu’il y a quelques mois. La Réserve fédérale américaine a toutefois encore la possibilité d’abaisser plusieurs fois ses taux d’intérêt avant de tomber dans des situations absurdes de taux négatifs. Par ailleurs, 2020 est aussi une année d’élection et comme toujours, un président en exercice ambitionne de décrocher un second mandat. Nous ne serions dès lors pas étonnés qu’à l’approche des élections – et a fortiori si les bourses menacent de faire la culbute – le président Trump décrète une série de mesures visant à stimuler la détention d’actions et/ou à offrir aux entreprises une série d’avantages fiscaux supplémentaires.

Vu la situation macro-économique de part et d’autre de l’Atlantique, il ne nous semble actuellement guère recommandé d’accorder la préférence aux actions européennes. Bien que les bourses américaines cotent à des niveaux plus élevés, nous ne voyons aucune raison de réduire vos positions en actions US au profit d’actions européennes. Non seulement l’économie américaine est en général plus robuste que son homologue européenne, mais la Réserve fédérale dispose encore de possibilités pour injecter des liquidités supplémentaires dans l’économie, sans pour autant en arriver à des taux négatifs. Le président Trump essaiera sans doute aussi d’éviter, par des mesures ciblées, que les bourses d’actions US reculent trop fortement en 2020, année électorale.

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