PLACEMENTS - 27.08.2019

Un portefeuille d’obligations internationales ?

Les taux d’intérêt en euro étant toujours extrêmement bas, vous n’avez quasi d’autre choix que d’investir une partie de votre portefeuille obligataire en devises étrangères, pour obtenir un certain rendement. Quelles sont celles à privilégier pour augmenter votre rendement sans risque exagéré et lesquelles vaut-il mieux éviter ?

Obligations d’État. Depuis l’après-guerre, les taux d’intérêt des obligations d’État dans la zone euro n’ont jamais été aussi bas qu’en 2019. Sur le Bund allemand à 10 ans, vous bénéficiez en effet d’un rendement négatif d’environ -0,25 %. Une obligation de l’État allemand venant à échéance en 2048 rapporte quant à elle 0,32 % brut. Et vous devez encore payer 30 % de précompte mobilier, le droit de garde et éventuellement la taxe sur les comptes-titres de 0,15 %. L’Allemagne n’est aujourd’hui pas un cas isolé. Les investisseurs acceptent actuellement aussi un taux négatif sur les obligations d’État néerlandaises et danoises, alors qu’en Autriche, Finlande et Suède, les taux peuvent à tout moment devenir négatifs.

Obligations d’entreprises. Les obligations d’entreprises en euro ont longtemps constitué une alternative valable aux obligations d’État. En termes de rendement, l’investisseur qui ne veut pas transiger sur la qualité n’est toutefois guère mieux loti aujourd’hui avec des obligations d’entreprises qu’avec des obligations d’État. Cela est dû au fait que dans l’intervalle, le spread (le différentiel de taux entre obligations d’État et d’entreprises) est devenu quasi inexistant. Un emprunt de Metro (société-mère de la chaîne de magasins Makro e.a.) affichant un rating de seulement BBB procure p.ex. péniblement 1,5 % brut pour une échéance en 2025. Pour obtenir un rendement supérieur, vous devez soit opter pour des durées extrêmement longues, soit vous contenter de débiteurs de moindre qualité. Comme nous estimons qu’aucune des deux solutions n’est idéale, voici trois alternatives en devises.

Dollar américain. L’économie US est toujours en pleine croissance. Bien que les rapports les plus récents laissent entrevoir un léger ralentissement par rapport aux années précédentes, le pays de l’Oncle Sam n’a rien à envier à de nombreuses autres économies. Selon la loi de la parité du pouvoir d’achat, le dollar devrait coter à un niveau proche de 1,15. La devise semble donc actuellement plus ou moins correctement évaluée à un cours de 1,13 dollar pour un euro. Les rendements offerts par les obligations en dollar US sont toutefois nettement plus élevés que ceux des obligations en euro. Le rendement actuariel d’obligations d’une durée résiduelle d’environ sept ans s’élève actuellement p.ex. à 2,56 % pour Nike (AA-), 2,74 % pour Apple (AA+) et 3,31 % pour Goldman Sachs (BBB+). En raison notamment de cette différence de taux, le risque d’un recul du dollar US nous semble assez réduit, même si nous n’excluons pas d’emblée à terme une forte hausse de son cours.

Couronne norvégienne. Ces derniers mois, la couronne norvégienne a, contre toute attente, perdu un peu de terrain par rapport à l’euro. C’est étonnant, car l’économie norvégienne se porte bien ces derniers temps. Le pays est en outre pour ainsi dire autosuffisant en termes d’approvisionnement énergétique. La présence de grandes quantités de gaz et de pétrole en face des côtes norvégiennes a contribué à ce que les Norvégiens dorment sur leurs deux oreilles par rapport à leur pension légale. L’État norvégien verse en effet régulièrement une partie des revenus du secteur pétrolier et gazier dans un fonds de pension spécial destiné à la population. La courbe des taux est assez plane et basse en Norvège. Des émetteurs acceptables, tels que Rabobank, offrent pour des durées moyennes (trois à quatre ans) un rendement brut d’environ 1,75 %. Selon nous, la monnaie présente aussi un potentiel de hausse limité.

Dollar australien. L’Australie est un exemple de stabilité politique, mais des études ont montré que le cours du dollar australien est lié à plus de 50 % à l’évolution des prix des matières premières. Contrairement à la Nouvelle-Zélande, l’Australie exporte principalement des matières premières «dures». C’est pourquoi le pays (au même titre que sa monnaie) est nettement plus sensible à la conjoncture que la Nouvelle-Zélande. Le dollar australien est actuellement sous pression à la suite du ralentissement de l’économie chinoise, due aux tensions commerciales persistantes entre ce pays et les États-Unis. D’un point de vue technique, il y a un niveau de soutien à la parité actuelle. Pour de courtes durées (deux ans), il est possible d’obtenir des rendements de plus de 1,5 %. À moyen terme, la monnaie présente sans doute aussi un certain potentiel de croissance.

Livre turque. Les rendements dans les devises précitées sont globalement plus intéressants que ceux en euro. Il n’est toutefois pas question de coupons extrêmement élevés. Il existe néanmoins certaines devises pour lesquelles c’est le cas. Prenons l’exemple de la livre turque. Des débiteurs d’excellente qualité tels que p.ex. la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) (rating AAA) offrent pour une durée d’un peu moins de deux ans un coupon d’environ 20 %. Cela peut sembler très séduisant. Si ce n’est que la monnaie turque a perdu environ la moitié de sa valeur par rapport à l’euro au cours des trois dernières années. Le coupon élevé est donc potentiellement annihilé en grande partie par une évolution défavorable du cours de change. Les perspectives de l’économie turque ne sont actuellement pas non plus de nature à laisser entrevoir un arrêt de cette érosion monétaire. On constate aussi des tendances similaires pour une série d’autres monnaies exotiques.

Les investisseurs en obligations peuvent accroître le rendement de leur portefeuille en investissant en partie dans certaines devises. Ils peuvent ainsi acheter des obligations en couronne norvégienne, en dollar australien et en dollar américain. Veillez cependant toujours à assurer une bonne diversification en termes de débiteurs, de durées et de devises. Les obligations libellées dans certaines autres devises, comme la livre turque, offrent certes des rendements très élevés, mais le risque de subir une perte sur le cours de change est aussi nettement plus marqué. Nous aurions dès lors tendance à nous abstenir.

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