PLACEMENTS - 21.08.2023

Le retour en grâce des actions japonaises !

La nouvelle est passée quelque peu inaperçue il y a quelques semaines en raison de la problématique relative au plafond d’endettement aux États-Unis et de la priorité accordée par les médias à la couverture du conflit en Ukraine, mais le fait est que la bourse japonaise a atteint son niveau le plus élevé depuis plus de trois décennies...

Une autre époque ? En 1989, le Japon est à son apogée. Non content de damer le pion à l’Occident sur le plan technologique, le Pays du Soleil-Levant se distingue aussi par de nouveaux modes de gestion, tels que le concept de flux tendu, qui permet aux usines de réduire au maximum les stocks et de n’approvisionner la chaîne de montage en pièces que lors de la production. Les Japonais investissent aussi massivement au-delà des frontières de leur pays et font honneur à leur réputation de deuxième plus importante économie à l’échelle mondiale. Les investisseurs souhaitent bien entendu participer à ce succès japonais et les gestionnaires de fonds étrangers injectent dès lors massivement de l’argent dans l’indice Nikkei. Les prix de l’immobilier explosent aussi. La fête ne dure toutefois pas et dans une tentative désespérée d’endiguer l’inflation galopante, la banque centrale japonaise relève ses taux d’intérêt. Simultanément, la bulle boursière et immobilière éclate. Le Nikkei chute brutalement, passant de plus de 31 000 points à moins de 9 000 points. La bourse s’effondre et plonge le pays dans une récession qui durera des années.

Abenomics. Avec la nomination de Shinzo Abe au poste de Premier ministre en 2006, un vent nouveau souffle sur le pays. Sa politique baptisée Abenomics repose sur un accroissement des dépenses publiques destiné à stimuler l’économie. Le premier ministre s’efforce par ailleurs de réaliser des réformes structurelles dans l’économie japonaise. Les actionnaires des entreprises se voient confier un rôle plus important et le marché du travail est réformé.

Enfin, l’inflation ! L’absence notoire d’inflation a été pendant des années l’un des plus importants défis du Japon. Le pays a en effet été très longtemps confronté à une déflation tenace. Les consommateurs reportaient systématiquement leurs dépenses car ils étaient convaincus qu’ils pourraient acheter le même produit à un meilleur prix ultérieurement. La consommation intérieure s’est ainsi retrouvée dans l’impasse, ce qui est néfaste pour l’économie. Les incitants fiscaux et l’argent bon marché ont toutefois permis d’inverser la tendance. Lorsque les taux d’intérêt sont bas, il n’a en effet guère de sens de conserver des fonds en compte. Il a fallu beaucoup de temps, mais en 2023, le Japon a enfin tourné le dos à la déflation et il enregistre aujourd’hui une inflation comprise entre 3 % et 4 %.

Situation stratégique. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon est l’un des plus fidèles alliés de l’Amérique et il en recueille aujourd’hui les fruits. Depuis la présidence de Donald Trump, la guerre commerciale avec la Chine n’a jamais vraiment cessé. Les entreprises américaines et européennes se demandent dès lors de plus en plus si elles doivent encore investir en Chine. Les investissements technologiques en particulier sont un sujet sensible. Ces entreprises sont en outre aussi davantage confrontées à la riposte chinoise. Micron a p.ex. de ce fait choisi récemment de déplacer au Japon un investissement de 3,6 milliards de dollars initialement prévu en Chine.

Exportations. Le Japon reste un pays exportateur et avant tout de produits innovants, allant des puces aux produits basés sur l’intelligence artificielle en passant par les machines qui produisent des semi-conducteurs. Les produits plus traditionnels, comme les voitures, sont aussi encore exportés en masse. Le Japon est synonyme de qualité et celle-ci soutient les exportations. Par ailleurs, un cours de change favorable est également de nature à donner un coup de pouce à celles-ci. Or, depuis deux ans, le yen se montre plutôt faiblard par rapport au dollar américain.

Économie japonaise 2.0. L’économie japonaise avait traditionnellement la réputation d’être un bastion fermé qui ne tolérait pas trop les curieux, où chacun se connaissait et où les structures manquaient de transparence. L’intérêt des actionnaires n’était guère pris en compte, ce qui se traduisait par une politique de dividendes très austère. Plutôt que de faire partager le succès aux actionnaires, les entreprises préféraient thésauriser les bénéfices et les maintenir sur leurs comptes. Là aussi, la situation a changé, puisque le rendement dividendaire de la bourse de Tokyo se situe à présent en moyenne à 2,5 %, soit un point de plus que celui de Wall Street.

À l’instar de Warren Buffett. Cela fait déjà trois ans que le gourou de la finance Warren Buffett a décidé d’investir de nouveau au Japon. En été 2020, il a investi 6 milliards de dollars dans cinq sociétés commerciales diversifiées. Certains investisseurs lui ont sans doute emboîté le pas dans l’espoir de tirer profit de sa stratégie. Aujourd’hui aussi, de nombreux observateurs sont convaincus que la bourse japonaise n’a pas encore atteint une valorisation extrêmement élevée. Sur la base du ratio valeur d’entreprise/ bénéfice d’exploitation brut, les actions japonaises sont moins chères de 50 % que les actions américaines. Vous pouvez naturellement investir en actions individuelles, mais aussi au travers de trackers, comme iShares Nikkei 225 ETF, ou de fonds gérés activement, comme Comgest Growth Japan.

À l’heure actuelle, les planètes sont alignées pour la bourse de Tokyo. Tant la consommation intérieure que les exportations ont le vent en poupe. Le pays parvient à attirer des investissements étrangers et à moderniser son économie rigide. La bourse japonaise n’est en outre pas encore extrêmement chère. Malgré une hausse de près de 280 % depuis 2006, les actions japonaises méritent une place dans votre portefeuille. Mieux vaut peut-être quand même attendre une légère correction pour passer à l’action.

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