FRAIS SALARIAUX - 05.04.2024

Politique de présence : comment gérer l’absentéisme ?

Une étude menée par Attentia entre 2017 et 2023 auprès d’environ 120 000 travailleurs répartis entre 225 employeurs a montré que, en 2023, le total des absences pour cause de maladie représentait près de 10 % du temps de travail total de ces travailleurs. Il s’agit d’une hausse importante, et c’est principalement l’absentéisme de moyenne et de longue durée qui a atteint des niveaux record. Comment l’expliquer, et en tant qu’employeur, que pouvez-vous faire pour y remédier ?

Causes des arrêts maladie

On entend par «absentéisme de longue durée» une maladie qui dure plus d’un an. Les raisons sont multiples. Une première cause majeure est le vieillissement de notre population. En outre, les travailleurs doivent rester plus longtemps sur le marché du travail, compte tenu de l’augmentation de l’âge de la pension et de la limitation des possibilités de retraite anticipée et/ou de RCC. Il est intéressant de constater que, lorsque les travailleurs plus âgés décrochent, ils restent généralement absents pendant une période plus longue.

La charge de travail toujours croissante constitue une seconde cause. Certains travailleurs ne supportent plus cette pression, mais continuent néanmoins à travailler jusqu’à abandonner complètement. En général, les travailleurs qui décrochent de cette manière sont également malades pour une période plus longue.

De plus, nous vivons dans une culture d’accessibilité permanente. De ce fait, la frontière entre vie privée et vie professionnelle est de plus en plus brouillée. Nous en sommes arrivés à trouver normal de répondre aux e-mails professionnels ou d’y donner suite même la nuit et le week-end.

Un quart des malades de longue durée sont confrontés à un burn-out. C’est également typique de notre époque. Il y a en effet une prise de conscience croissante de la santé mentale. Les travailleurs ont plus qu’auparavant tendance à s’absenter quand ils sont confrontés à des problèmes psychologiques.

L’étude d’Attentia révèle également que l’absentéisme de moyenne durée (maladie de plus d’un mois et de moins d’un an) est le plus élevé dans la tranche d’âge des 50-59 ans. Cet absentéisme est également plus fréquent chez les ouvriers que chez les employés. Cela s’explique par le fait que les employés font généralement un travail moins exigeant physiquement et ont également plus de possibilités de travailler de manière flexible ou de télétravailler. Si un ouvrier ne se sent pas bien, il reste chez lui. Il ne peut pas exécuter son travail à la maison, et il est donc logique qu’il y soit en arrêt complet maladie. Quant aux employés, ils peuvent peut-être travailler à domicile et se réserver des périodes de sieste supplémentaires pendant les pauses : ils sont donc moins susceptibles de tomber malades et reviennent souvent également plus vite au travail.

Autre observation importante : les absences de courte durée (moins d’un mois) n’ont pas augmenté en 2023, à la suite de la nouvelle règle selon laquelle un certificat médical n’est plus requis pour un jour de maladie (ou pour le premier jour d’une période de maladie plus longue), et ce, jusqu’à trois fois au cours d’une année civile. Par ailleurs, peu de travailleurs ont utilisé les trois jours au cours de l’année civile 2023. Cependant, 2023 a connu un plus grand nombre de travailleurs malades pendant une seule journée.

Impact de l’absentéisme

Il y a tout d’abord l’impact de la maladie sur le travailleur lui-même. Le malade de moyenne ou de longue durée retombe dans la majorité des cas à un niveau de revenus inférieur. Au fil du temps, il commence également à se sentir isolé.

Les collègues du travailleur malade sont également touchés. Son travail ne peut probablement pas attendre et doit être repris par d’autres collègues, ce qui provoque souvent une pression et une tension supplémentaires pour eux. Le directeur est également confronté à une situation difficile, car le planning doit être constamment adapté ; il doit rechercher le cas échéant des remplaçants et est peut-être amené à prendre en charge certaines tâches.

Les clients risquent de se retirer ou d’être moins satisfaits s’ils ne voient plus leur personne de contact ou si la livraison est retardée en raison de l’absence du travailleur. Dans de nombreux cas, tout cela entraîne une perte de revenus et, souvent, une hausse des coûts, car il peut être nécessaire d’engager un consultant plus onéreux pour faire face aux tâches à court terme du travailleur malade.

L’absentéisme de longue durée coûte également de l’argent à la société dans son ensemble. La Sécurité sociale est mise sous pression. Le gouvernement demande dès lors aussi aux employeurs d’instaurer des politiques de présence appropriées, en mettant l’accent sur la prévention des maladies de longue durée.

Prévention

La principale mission des entreprises est de se concentrer sur la prévention de l’absentéisme de longue durée. En élaborant une politique claire et efficace en la matière et en communiquant clairement à ce sujet, il est déjà possible de faire face à beaucoup de situations.

Jusqu’il y a peu, il était souvent considéré comme tabou de contacter un travailleur malade. Il fallait surtout le laisser tranquille. Rien n’est moins vrai : il est très important de rester en contact avec le travailleur dès le début de la maladie. Le supérieur direct doit jouer un rôle important à cet égard. Les RH peuvent lui apporter leur soutien. Rester en contact étroit avec le travailleur malade permet de diminuer le risque de maladie de longue durée. Plus l’absence est longue et moins il y a de contacts avec travailleur, moins il y a de chances que celui-ci réussisse à revenir au travail.

Une communication ouverte est essentielle non seulement quand un travailleur est absent pour cause de maladie, mais surtout avant qu’il ne tombe malade. Les supérieurs doivent connaître les membres de leur équipe, rester vigilants et entamer le dialogue en temps utile, si des signes évoquent le mal-être d’un travailleur. En témoignant de l’intérêt à son travailleur, le manager renforce le lien de confiance, ce qui n’a que des conséquences positives. Peut-être certaines tâches peuvent-elles être allégées, peut-être le supérieur peut-il apporter un soutien supplémentaire pour un travail perçu comme très lourd par le travailleur, ou peut-être une plus grande flexibilité peut-elle être offerte par rapport au télétravail ou aux horaires de travail.

Action répressive

Bien sûr, la prévention seule ne suffit pas. Il y aura toujours des travailleurs qui dépasseront les bornes. Il doit également être possible de les prendre en charge. Malheureusement, les employeurs ne sont pas seulement confrontés à l’absentéisme blanc (personnes qui sont vraiment malades et ne peuvent pas reprendre le travail plus tôt), mais en grande partie à l’absentéisme gris. Il peut s’agir de travailleurs qui étaient malades à l’origine, mais se sont rétablis entre-temps et restent malgré tout chez eux, ou qui se sentent fatigués à la fin de la semaine ou après le week-end et se déclarent malades pour cette raison, souvent le vendredi ou le lundi. Les employés qui sont absents très souvent pendant de courtes périodes ont un facteur Bradford élevé. Vous pouvez utiliser ce facteur (le nombre de notifications d’absence² × le nombre total de jours d’absence au cours des 12 derniers mois) comme fil conducteur d’une discussion avec les travailleurs ayant un facteur trop élevé. En règle générale, un facteur Bradford de 800 ou plus est considéré comme trop élevé.

Pour certains travailleurs, ce taux élevé d’absences de courte durée sera parfaitement justifiable, mais pour d’autres, il ne le sera peut-être pas. Une discussion avec les employés concernés leur donne l’opportunité de s’expliquer, ce qui permet d’intervenir à temps.

Si le facteur Bradford élevé ne peut pas être justifié, l’entretien avec le supérieur est peut-être un signal d’alerte pour le travailleur, qui peut alors modifier son comportement.

CONSEILS

  • Gardez le contact avec vos travailleurs malades de longue durée. Montrez-leur que vous ne les oubliez pas. Cela facilitera leur réintégration.
  • Développez une politique de présence qui met l’accent sur la communication et la prévention des maladies de longue durée. Les responsables de votre entreprise jouent un rôle crucial dans la mise en œuvre d’une telle politique. Ils doivent connaître les membres de leur équipe, rester vigilants et entamer en temps utile un dialogue ouvert avec les travailleurs.
  • Si la prévention et la communication ouverte sont au cœur de votre politique de présence, vous devez également pouvoir prendre des mesures répressives pour lutter contre l’absentéisme gris. Le facteur Bradford peut être un outil permettant d’en discuter.

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